Voyager en Grèce ? Trop cher pour les Grecs

Voyager en Grèce ? Trop cher pour les Grecs

Après deux ans privés du sable blanc et de l’eau turquoise des plages grecques, les touristes du monde entier reviennent en masse dans le pays, un trop-plein ayant entrainé une forte inflation et une flambée des prix de l’immobilier. Résultat, les Grecs, dont le pouvoir d’achat est moitié moins élevé qu’en France, ne peuvent plus se payer de vacances dans leur propre pays.

Trop cher

« C’est beaucoup trop cher  ! Je pars d’ordinaire avec une bande d’amis à Corfou (île grecque de la mer Ionienne située à proximité de l’Albanie) en août pour mes congés annuels. Nous louons une maison et nous visitons les îles alentour. Mais cette fois-ci, j’irai chez ma mère à Eubée », témoigne l’ancienne championne d’escrime Despina Perdika. « J’ai payé 540  euros d’électricité cet hiver, contre 200  euros l’année précédente. Je dépense 50  euros tous les quatre jours pour faire le plein de ma voiture », l’inquiète la sportive.

Mais si les prix grimpent en mer Ionienne, ils atteignent des sommets sur les îles de la mer Égée, qui sont devenues « un rêve inaccessible pour un employé grec sur deux », selon le journal grec Efsyn. « Le voyage en ferry dans les îles des Cyclades revient à près de 800  euros pour quatre personnes avec une voiture, en août », abonde Dimitra, athénienne employée d’une agence de voyages, qui a donc renoncé aux Cyclades pour cet été.

Victime de son succès

« Nous sommes les premiers en termes d’arrivées de voyageurs français, israéliens et serbes », se réjouissait le ministre grec du tourisme, Vassílis Kikílias, fin juin. Mais l’attractivité de la Grèce est désormais trop grande, au point que les Grecs eux-mêmes en pâtissent. 

« Nous avons sous-estimé le désir de voyage après deux ans de pandémie  ! Tout le monde veut venir au même moment car nous avons de bons services, explique Lisandros Tsilidis, président de l’association hellénique du tourisme et des agences de voyages (FedHATTA). « Les touristes du monde entier pâtissent de l’inflation, pas seulement les Grecs, ajoute-t-il. Les prix sur les îles augmentent en fonction de la demande, c’est la loi du marché ! »

« A quoi bon partir ? »

S’ils veulent continuer à partir en vacances, les Grecs devront donc changer leurs habitudes, mieux prévoir leur voyage ou passer par un tour-opérateur. Impensable pour la plupart d’entre eux. 

« Le problème touche toutes les catégories socialesLe voyage est devenu une source de stress pour les Grecs, à quoi bon partir ?, explique Pavlos, un metteur en scène athénien. Ne pas prévoir à l’avance revient trop cher, mais « nous, les Grecs, nous avons l’habitude de prévoir au dernier moment pour voyager dans notre pays, ce n’est plus possible ».  « Il ne nous reste maintenant que le camping sauvage », déplore l’artiste. 

Toutefois, les Grecs peuvent toujours « s’offrir d’autres destinations que les îles, tout à fait abordables, s’ils passent par des tour-opérateurs », rappelle Lisandros Tsilidis. Peu probable, selon l’économiste Nikos Rodousakis. « Ce n’est pas dans la demande habituelle des Grecs. Il est rare qu’ils optent pour des voyages “all inclusive” pour aller dans leur pays », estime-t-il. 

Régularisation indispensable 

Nikos Rodousakis reproche aux gouvernements successifs d’avoir trop misé sur le tourisme, affirmant qu’il doit venir en complément des autres secteurs, mais pas être le moteur de l’économie. « Le tourisme ne peut jouer le rôle de “locomotive” de l’économie grecque, comme le prétendent les autorités. À titre indicatif, il suffit de considérer que sur la période 2008-2019, les recettes des voyages ont augmenté d’environ 56,2  % alors que dans le même temps, le PIB a baissé de 24,2  %  », détaille  le chercheur.  

Le tourisme, secteur « historique développé après la Seconde Guerre mondiale » doit être régulé, sinon,  « dans quelques années, voyager deviendra juste le privilège d’une élite », prévient-il. 

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