Suite au décès d’Elizabeth II jeudi dernier, le visage du nouveau nouveau monarque Charles III devrait remplacer celui de sa mère sur les pièces de monnaie et billets de banque. Mais cette transition, qui concerne non seulement le Royaume-Uni mais également de nombreux pays du Commonwealth, devrait prendre des mois, voire des années.
Lent processus
En effet, remplacer les 29 milliards de pièces et 4,5 milliards de billets en circulation au Royaume-Uni ne sera pas une mince affaire, et cela prendra le temps qu’il faudra, comme l’a laissé entendre la Banque d’Angleterre. « Les billets de banque actuels à l’effigie de Sa Majesté la Reine continueront d’avoir cours légal », s’est contenté de déclarer l’organisme, et une annonce quant à leur remplacement « sera faite une fois la période de deuil observée ».
Le « volume de trafic particulièrement élevé, toutes les pièces en circulation à l’effigie de Sa Majesté la reine Elizabeth II » continueront d’avoir « cours légal », a pour sa part déclaré la Royal Mint, l’organisme chargé de frapper la monnaie. Dans l’attente de nouvelles directives, nous continuerons à « frapper des pièces comme d’habitude », pour « respecter cette période de deuil », précise l’atelier monétaire.
Ainsi, selon le quotidien britannique The Guardian, il faudra au moins deux ans pour remplacer la majorité des billets, et encore davantage pour les pièces. En effet, outre le remplacement qui est en lui-même lent, les gravures du roi choisies pour apparaître sur les pièces et billets devront au préalable faire l’objet d’un long processus d’approbation par la chancellerie et la famille royale.
33 pays concernés
Mais l’Angleterre est loin d’être le seul pays concerné, 33 autres Etats à travers le monde, pour la plupart membres du Commonwealth, faisant figurer le monarque britannique sur leur monnaie.
En Australie, par exemple la Royal Australian Mint ne prévoit pas de mise en circulation des nouvelles pièces avant 2023, tandis que la banque centrale australienne annonce d’emblée qu’elle ne se pressera pas pour remplacer les billets. « Les billets de 5$ à l’effigie de Sa Majesté la Reine peuvent continuer à être utilisés. Ils ne seront pas retirés et resteront probablement en circulation pendant des années », prévient l’organisme.
En Nouvelle-Zélande, ce changement prendra « quelques années » pour les pièces, et « de nombreuses années » pour les billets, selon la banque centrale. « Nous fabriquons rarement ces billets et ne prévoyons pas de détruire le stock ou de raccourcir la durée de vie des billets existants simplement parce qu’ils montrent la reine. Ce serait un gaspillage et une mauvaise pratique environnementale », explique un porte-parole de l’établissement.
Même son de cloche au Canada, où un porte-parole de la banque centrale canadienne affirme que le billet de 20 dollars, le seul à faire figurer le monarque, restera en vigueur encore « pendant des années ». « Lorsqu’il sera finalement repensé, le billet de 20 dollars continuera de représenter le monarque régnant », assure l’institution. Mais à la différence d’autres états, faire figurer le visage du monarque sur un billet n’est pas une évidence au Canada, comme le rappellent certains experts.
Faire figurer le monarque sur un billet « n’est pas obligatoire, c’est un choix politique qui n’est pas dicté par la Constitution », rappelle Patrick Taillon, professeur de droit constitutionnel à l’Université Laval. « Donc, il revient au gouvernement Trudeau de décider jusqu’à quel point il voudra, avec ce nouveau chef d’État, jouer le vocabulaire, le langage et les symboles royalistes ou monarchistes ».
Il n’est pas du tout certain « qu’Ottawa imprimera de nouveaux billets de 20 $ et frappera de nouvelles pièces à l’effigie du nouveau souverain », abonde Philippe Lagassé, professeur à l’Université Carleton. « Je ne crois pas que ce soit automatique comme certains monarchistes le pensent et l’espèrent ».