En rachetant Big à Walmart, Carrefour est devenu le leader incontesté de la grande distribution au Brésil, où il détient désormais 23,5 % de part de marché. A l’avenir, le groupe devrait réaliser une grande partie de sa croissance dans le pays.
Enorme potentiel
Bien que 78 % de la population brésilienne soit considérée comme pauvre, Carrefour, en misant sur les prix de gros, a réussi à s’adapter. Et il s’adaptera également au redressement du niveau de vie à venir. « Une fois l’élection présidentielle passée, le Brésil poursuivra son développement, affirme Abilio Diniz, président de Peninsula et actionnaire de Carrefour Brésil à hauteur de 7 %. Les actifs y sont bon marché, alors que les perspectives sont moroses en Europe et aux États-Unis ».
La force de Carrefour, son modèle à toute épreuve. « Nos acheteurs sont de véritables traders, ils achètent de gros volumes en fonctions des cours », explique Marco Oliveira, le PDG d’Atacadao, la principale filiale de Carrefour au Brésil, dont le nom est lentement mais sûrement remplacé par celui de l’enseigne un peu partout dans le pays. « Nous pouvons nous permettre de le faire, car nos clients professionnels adaptent eux-mêmes leurs achats à la variation des prix, explique le PDG d’Atacadao. Un petit commerçant peut acheter cinq palettes de riz au lieu d’une si le prix est intéressant.»
« Ici, il ne faut pas être dépendant de la macroéconomie, résume Alexandre Bompard, le PDG du groupe. Nous avons su construire un modèle extrêmement résilient ».
Big, le nouveau défi
Avec la récente acquisition de Big, Carrefour se lance dans un nouveau défi, et se donne dix-huit mois pour réussir l’intégration du nouveau venu. Le groupe espère ne pas répéter les erreurs du passé, avec notamment l’intégration ratée de Promodès. « Lorsque je suis arrivé chez Carrefour, en 2017, certains salariés se présentaient encore comme ex-Promodès ou ex-Carrefour. Vingt ans après la fusion ! , se rappelle Alexandre Bompard. Ce n’est pas parce que certains rapprochements d’entreprises se sont mal passés que les fusions sont condamnées à échouer. Il faut mener l’intégration de Big avec une grande précision ».
Mais Carrefour ne compte certainement pas s’arrêter à Big. « Nous sommes très ambitieux au Brésil et nous ne nous interdisons pas de regarder d’autres opportunités de rachat, plutôt d’acteurs régionaux », prévient Alexandre Bompard.
L’enseigne fait toutefois face à un autre défi, de taille celui-là : son impact sur la déforestation. « Nous allons être le plus gros acheteur d’Amérique du Sud. Cela nous donne une grande responsabilité vis-à-vis de la forêt amazonienne, admet Stéphane Maquaire, PDG de Carrefour Brésil. Mais c’est plus compliqué que ça n’en a l’air. Nous ne pouvons pas par exemple nous passer du géant brésilien JBS du jour au lendemain. C’est toute la chaîne que nous évaluons ».