En effet, Airbus, le géant européen de l’aéronautique, dispose également de trois navires faisant la navette à travers l’atlantique entre ses usines européennes et américaines. Ces énormes bâtiments servent à transporter les pièces d’avions confectionnées en Europe et devant être assemblées à Mobile, en Alabama.
Voile de 500m2
Le Ville de Bordeaux a été le premier des navires du groupe à être équipé de cette voile de cerf-volant géante de 500 mètres carrés, pour subir une série de tests et éprouver la viabilité du projet. Il s’agit du premier navire de transport maritime à mettre en oeuvre cette technologie verte et 100% française, puisque développée par AirSeas, une start-up tricolore créée en 2016 par Airbus. Le projet n’est toutefois pas encore opérationnel, la phase de test devant encore s’étirer sur plusieurs mois.
Baptisée SeaWing, cette voile en polyester fonctionne comme celles des Kitesurfs. Renforcée par des éléments en carbone, elle est stockée dans un boitier high-tech ayant fait l’objet du dépôt de 9 brevets, et permettant de la hisser à 300 mètres de hauteur simplement en appuyant sur un bouton.
20% de carburant en moins
« Le principe du pilotage du système Seawing repose sur un pilotage automatisé et sur des figures “en huit”, c’est-à-dire un vol en mouvement, afin de maximiser la puissance de la traction issue du kite en lui faisant réaliser des boucles une fois positionné en altitude. Nous avons appliqué des technologies aéronautiques, comme les commandes de vol, à ce kite relié à la proue par un câble », précise Vincent Bernatets, cofondateur d’AirSeas. « La taille du produit de série sera de 1000 mètres carrés, soit deux fois la surface de la voilure de l’A350, adaptée aux gros bateaux », ajoute le dirigeant.
« Une fois les essais en mer achevés d’ici quelques mois, nous engrangerons les premiers bénéfices de cette technologie », explique Nicolas Chrétien, directeur Environnement et durabilité d’Airbus, qui précise que la voile devrait faire économiser 20% de fuel aux navires.
Solution d’avenir
Pour Airbus le projet Seawing est donc un atout majeur, s’inscrivant dans le vaste plan de décarbonation de l’avionneur. « 60% des 800 kilos tonnes de CO2 émis par Airbus sont dus à ses activités industrielles (bâtiments, bureaux, usines, etc.), dont 40% liés au transport maritime et aérien intersites ainsi qu’aux essais en vol. Airbus vise une réduction de 63% de ses émissions de CO2 à l’horizon 2030, par rapport à 2015. Nous souhaitons que toutes nos activités industrielles (hors transport) en Europe soient alimentées à partir d’électricité renouvelable à l’horizon 2024 », prévoit Nicolas Chrétien.
Mais AirSeas, pour sa part, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, son invention pouvant être installée sur l’ensemble des gros navires de commerce (vraquiers, tankers, porte-conteneurs). « Notre solution s’adresse aux 15.000 plus grands navires responsables de 85% de l’empreinte carbone du secteur maritime. Cette solution est simple à mettre en œuvre sur tout navire et disponible dès maintenant », assure le cofondateur de la start-up. Et grâce «aux nouvelles technologies embarquées, données météo, algorithmes prédictifs de routage etc., le Seawing pallie la variabilité de la force du vent », assure Vincent Bernatets.