Selon une croyance populaire entretenue par les hommes politiques, tel Bruno Le Maire en 2018, une victoire des bleus au mondial serait bonne « pour la croissance ». Toutefois, les économistes reviennent aujourd’hui sur cette idée, assurant que les effets seraient imperceptibles.
O,1 point de croissance
« Il faut tordre le cou à cette idée reçue », s’agace Christophe Lepetit, responsable des études économiques au Centre de droit et d’économie du sport (CDES). « Si la France gagne, cela n’aura pas d’impact au niveau macroéconomique ». Un avis partagé par l’assureur-crédit Euler Hermes , qui estimait en 2018 que « gagner la Coupe du monde rapporterait 0,2 point de consommation de plus, soit 0,1 point de croissance supplémentaire ». « La victoire pourrait tout au plus ajouter 0,1 point de pourcentage au produit intérieur brut de la France notamment grâce à la consommation », confirme aujourd’hui le spécialiste en investissement John Plassard.
L’effet d’une victoire au mondial de football est toutefois différent selon qu’il s’agit d’un pays développé ou en développement. « Dans le passé, il pouvait être perçu un effet positif sur l’économie lorsque le vainqueur était un pays émergent. On a souvent cité le Brésil dans les années 1960 », illustre Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Ostrum Asset Management.
Effets à très court terme
Mais le faible impact macroéconomique « ne veut pas dire qu’il n’y aura pas quelques secteurs qui vont tirer leur épingle du jeu », rappelle Christophe Lepetit. Les bars et restaurants, par exemple, tirent leur épingle du jeu. Mais il ne faut pas rêver, « ce que les Français vont dépenser ici ou maintenant, ils ne le dépenseront pas ailleurs ou avant et après. Il y a un effet de substitution ». « Ils puisent dans l’épargne Covid », abonde Luc Arrondel, économiste du sport à la Paris School of Economics (PSE).
« Il a été mesuré qu’en cas de bon parcours de son équipe nationale ou d’organisation de tournoi sur son sol, la population se sentait plus heureuse, bien que cela ne dure pas très longtemps », ajoute Luc Arrondel. Ainsi, une victoire des Bleus serait « une formidable nouvelle », mais « elle ne devrait pas empêcher l’Hexagone de rentrer en récession début 2023 », résume John Plassard.