Les pannes de courant freinent (encore) l’économie ukrainienne 

Les pannes de courant freinent (encore) l’économie ukrainienne 

Les nombreuses frappes russes contre les infrastructures de production électrique ont grandement affecté les capacités du pays. Des millions d’Ukrainiens sont désormais privés d’électricité, comme les usines, dont la production tourne au ralenti, une catastrophe pour l’économie du pays. 

« Il va falloir s’adapter »

Selon Dmytro Sakharuk, directeur exécutif de l’énergéticien DTEK, qui produit 30  % de l’électricité ukrainienne, les coupures de courant ne sont pas près de cesser. «  50  % des infrastructures énergétiques ukrainiennes ont été touchées par les bombardements et 10  %  sont  complètement détruites. Nous exploitons six usines thermiques et ces dernières ont subi 18 attaques  en deux mois.  Trois de nos employés ont été tués et 24 blessés.  Nos équipes travaillent en permanence pour réparer les réseaux, mais la production est inférieure de 30 à 40  % aux besoins, en fonction  des régions,  des heures et de la consommation.  Et même si les frappes  cessaient  aujourd’hui, les coupures de courant  se  poursuivraient  jusqu’au printemps », déplore le responsable.

«  Notre tâche est d’anticiper les besoins de l’hiver prochain », ajoute Dmytro Sakharuk, d’après qui « l’armée russe a certainement été conseillée par des ingénieurs, qui ont travaillé ou se sont formés dans notre pays, car les bombardements ont  bien désassemblé le puzzle énergétique ukrainien ».

« Pour réparer  nos  centres de production, nous avons besoin de pièces spécifiques, qui prennent parfois de 12 à 18 mois à être produites.  Nous essayons donc d’acheter à l’étranger du matériel d’occasion et de puiser dans les rares stocks encore disponibles. Mais en attendant que les combats s’arrêtent et que le réseau soit complètement réparé, il  va falloir s’adapter  », prévient le directeur.

Productions en berne

Ces coupures énergétiques menacent d’ailleurs plusieurs pans de l’économie ukrainienne, aussi bien industriels qu’artisanaux. « Une semaine après l’invasion du 24 février, la majorité des entreprises du pays avaient pu sécuriser et relocaliser leurs employés, et elles avaient continué à répondre aux demandes de leurs clients étrangers », explique la dirigeante d’une des plus importantes entreprises ukrainiennes. « Avec les coupures d’électricité, la situation est infiniment plus compliquée aujourd’hui. Nos partenaires d’Allemagne ou de Suisse commencent à estimer que les risques de continuer à travailler avec l’Ukraine sont trop importants. Nous faisons des efforts pour assurer notre indépendance, en aménageant des bunkers, en installant des générateurs électriques et des antennes Starlink, mais que faire si nos ingénieurs sont tués dans un bombardement ou mobilisés dans l’armée ? Pour la première fois depuis des années, le secteur est en train de licencier, alors que la seule limite à son développement était, ces dernières années, le manque de personnel  ».

Mais les petits artisans ne sont pas mieux lotis. Parmi eux, Dan, boulanger dans la ville d’Irpin, peine à faire cuire son pain. « J’ai un ami qui importe des générateurs de Pologne et j’ai eu la bonne idée de lui en acheter un assez tôt, pour environ 1 200 euros, explique-t-il. Je dépense environ 25 euros par jour en essence pour le faire marcher, mais il n’est pas assez puissant pour alimenter mes fours. Je profite donc des moments où l’électricité est disponible pour enfourner mes pains, en espérant que ces derniers finissent de cuire avec la chaleur accumulée ».

Non loin de là, Vitali, fabriquant de jouet, n’a plus de courant pour faire fonctionner ses machines. « Je reste les bras croisés à attendre le courant, alors que je dois expédier des livraisons avant les fêtes, et que j’ai 8 000 dollars de bois qui sont prêts à être travaillés, se lamente le jeune homme. Ma maison a été rasée jusqu’aux fondations par les bombardements, je ne sais tout simplement pas comment je vais faire pour m’en sortir ».

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