Suite à la guerre en Ukraine, les premières ruptures de stock sont apparues dans les rayons, et selon les professionnels il n’y aura pas de retour à la normale de sitôt. Premièrement car la guerre n’est pas finie, mais surtout car il y a addition de pénuries.
Pénurie sur les liquides
« C’est parti pour durer, car il y a une addition historique de raisons qui expliquent aujourd’hui ces ruptures », affirme Olivier Dauvers, spécialiste de la grande distribution. « C’est la conséquence d’un dérèglement général de la chaîne de distribution des produits alimentaires en France ».
Le taux de rupture des grandes surfaces atteint actuellement 5,6%, selon l’entreprise de conseil NielsenIQ, qui précise que « le secteur des liquides reste le plus impacté », en raison de « certains désaccords commerciaux (qui) ont engendré des problèmes de disponibilité ».
De plus, « il y aura sûrement des magasins qui auront moins de bouteilles de Perrier dans les prochaines semaines », ajoute Antoine Cardon, délégué général du Syndicat des eaux de sources et des eaux minérales naturelles, mais cette fois en raison « des arrêtés sécheresse qui ont limité leur production
Grippe aviaire
C’est aujourd’hui toute la filière avicole qui souffre du virus. « Le risque de pénurie est réel, prévient Yves-Marie Beaudet, président de l’interprofession des œufs (CNPO). La grippe aviaire a occasionné une baisse de production de 8% sur 2022 ». « Peut-être que les tensions sur les œufs risquent d’augmenter », ajoute-t-il.
« Pour Noël, on sera bon. C’est surtout sur l’année prochaine que les impacts vont se faire ressentir, explique Jean-Michel Schaeffer, président de la Confédération française de l’aviculture. Il y en aura moins et il sera beaucoup plus cher ».
Produits non alimentaires
Les pénuries vont cependant très certainement dépasser le cadre de l’alimentaire. Juliette Favre, du cabinet spécialisé IRI, craint par exemple « de fortes tensions dans les semaines à venir » sur le papier toilette, mouchoirs, et plus largement tous « les produits issus de la pâte à papier ». « Certaines entreprises ont effectivement limité leur production, voire arrêté temporairement certaines lignes », confirme le syndicat du secteur, Group’Hygiène.
« Ce qui est à craindre dans les prochains temps, c’est que quelques produits puissent disparaître ponctuellement des rayons parce qu’ils deviennent trop chers à produire », résume le patron de Système U, Dominique Schelcher. « Les fournisseurs vont privilégier les grandes quantités. Il y aura donc probablement un effet sur la réduction de l’offre en termes de nombre de références proposées en grande surface, notamment en cosmétiques », explique Emmanuel Guichard, délégué général de la Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA).
Selon Thierry Desouches, porte-parole chez Système U, il va falloir revenir à un mode de vie plus raisonné. « On a pris l’habitude de la profusion et de l’opulence. On va revenir à une situation moins riche en termes d’offre. Il y aura moins de choix dans les rayons », prévoit-il.