Vendredi 20 janvier, le président de la République a profité qu’il présentait ses vœux aux armées, sur la base aérienne de Mont-de-Marsan, pour donner les grandes orientations de la future loi de programmation militaire 2024-2030. Le budget des armées sera ainsi porté à 400 milliards d’euros sur cette période, soit une augmentation d’un tiers.
Question de souveraineté
Cette nouvelle loi marque un bond en avant, qui poursuit l’effort financier engagé par la LPM 2019-2025 et ses 295 milliards d’euros. « On passe d’une logique de réparation à une logique de transformation des armées. On doit pouvoir être plus efficace et performant », explique-t-on à l’Élysée.
Le rehaussement de ce budget s’explique tout d’abord par celui de l’Allemagne, qui a débloqué 100 milliards d’euros suite au déclenchement de la guerre en Ukraine pour moderniser ses armées. La stabilité du couple franco-allemand et de l’Union européenne imposent en effet que les deux armées soient sur un pied d’égalité, bien que cette symétrie soit relative en raison de la dissuasion nucléaire dont dispose la France.
Mais cette hausse était également nécessaire pour que la France reste une puissance « respectée pour son statut d’État doté de l’arme nucléaire, moteur de l’autonomie stratégique européenne, allié exemplaire dans l’espace euroatlantique, partenaire fiable et crédible », comme le rappelait Emmanuel Macron début novembre. A ce titre, les 5,6 milliards d’euros alloués à la dissuasion nucléaire française seront maintenus, et les capacités cyber seront « très sensiblement renforcées » pour disposer d’une « capacité cyber de premier rang ». De même, l’outre-mer fera l’objet d’« investissements supplémentaires » pour « disposer de forces de souveraineté renforcées pour pouvoir donner un coup de griffe à celui qui voudrait s’en prendre à nos intérêts », ajoute l’Élysée, sans nommer directement la Chine.
Conséquence de la guerre en Ukraine
La future LPM vise également à répondre aux risques de guerre de haute intensité. « On doit tous mener une introspection à la lumière de l’Ukraine », insiste l’Elysée, qui souhaite « adapter notre organisation de commandement pour être capable d’agir dans les champs physiques et immatériels, agir en interarmées, comme agir en boucle courte du renseignement vers l’action de façon de plus en plus performante ».
Toutefois, la France n’a pas les mêmes besoins que l’Ukraine, et son budget doit être décidé en conséquence. « La France n’est pas l’Ukraine, elle n’a pas les mêmes intérêts de sécurité, pas de frontière avec la Russie, nous sommes dotés de l’arme nucléaire et nous appartenons à l’Union européenne et l’Otan », rappelle la présidence.
Paris n’est cependant pas à l’abri de tous les dangers. « La LPM traduit les efforts du pays en faveur de ses armées » et « ces efforts seront à proportion des dangers, c’est à dire considérables », prévient Emmanuel Macron, ajoutant qu’« après avoir réparé les armées, nous allons les transformer ». « On passe d’une logique de réparation à une logique de transformation des armées. On doit pouvoir être plus efficace et performant », insiste le président.