Jeudi 19 janvier, le tribunal de commerce de Grenoble a placé Go Sport en redressement judiciaire après avoir constaté l’état de cessation de paiement du distributeur d’articles sportifs. La question de l’avenir réservé à ses employés se pose désormais.
Pas de cessation de paiement
« Par un jugement solidement motivé, le tribunal (…) a constaté l’état de cessation des paiements de la société Groupe Go Sport et a ouvert une procédure en redressement judiciaire », a annoncé le parquet de Grenoble dans un communiqué jeudi matin. Le texte précise que « la société Go Sport France n’est pas déclarée en cessation des paiements, mais sa situation sera impactée par celle de sa société mère ».
Cette décision fait suite à une enquête ouverte par le parquet de Grenoble en novembre 2022 sur un éventuel « abus de bien social » concernant le Groupe Go Sport, après que « les commissaires aux comptes ont transmis plusieurs révélations de faits délictueux ».
Ce redressement judiciaire sera supervisé par « deux administrateurs et deux mandataires judiciaires ont été désignés pour une première période d’observation de six mois, afin de gérer l’entreprise dans le meilleur intérêt des salariés et des créanciers, sous le contrôle des juges et du parquet », précise le parquet.
« Mouvements financiers potentiellement suspects »
Bien qu’elle fasse planer le doute sur l’avenir des employés, ceux-ci sont majoritairement satisfaits de la décision de la cour. « Le tribunal a pris la moins mauvaise décision, estime Christophe Lavalle, délégué FO chez Go Sport. Il ne s’est pas laissé berner par HPB (Hermione, People & Brands), qui promettait de décaler dans le temps une dette de Nike pour revenir dans le vert. Compte tenu de l’état de la trésorerie, nous savions que nous étions en cessation de paiement. Nous ne pouvons pas aller bien avec un tel actionnaire ».
Les syndicats dénoncent depuis plusieurs semaines des ponctions réalisées par HPB. En effet, lors de la reprise de Go Sport par le groupe HPB, la trésorerie de l’enseigne se montait à 80 millions d’euros, alors qu’elle affiche aujourd’hui un passif de 14 millions d’euros. « Cela fait plusieurs mois que nous alertons sur des mouvements financiers potentiellement suspects de nature à mettre en péril la continuité de l’exploitation l’entreprise », expliquent les différentes organisations syndicales de Go Sport.
17 millions d’euros ont été prélevés au mois de février 2022, puis plusieurs autres prélèvements, pour un montant total de 36 millions d’euros, listent les syndicats. « Pourtant, les transferts financiers provenant d’un PGE sont interdits d’une filiale vers sa maison mère, sauf s’ils servent à financer une acquisition », souligne Christophe Lavalle.
Ce redressement judiciaire ne devrait donc même pas avoir lieu, car indépendamment de ces prélèvements la situation économique de Go Sport est normale. L’enseigne « est en pertes depuis de nombreuses années, mais pas de beaucoup », assure un bon connaisseur du dossier.