La hausse des prix, qui touchaient principalement le secteur de l’énergie, s’est peu à peu propagée aux produits de première nécessité, mais également aux services. Une tendance qui n’est pas près de s’inverser.
Réaction en chaîne
Parmi les produits alimentaires touchés par la guerre en Ukraine, ce sont les « huiles alimentaires », surtout de tournesol, qui connaissent la plus forte inflation (58,6 % sur un an). En effet, début 2022, l’Ukraine et la Russie fournissaient à eux seuls les trois quarts de l’huile de tournesol consommée en France.
Mais outre ces produits, sur lesquels la guerre a des conséquences directes, de nombreuses autres denrées voient leur coût grimper en raison de la hausse des prix de l’énergie. Le prix du bois de chauffage a en effet grimpé de 52,1 % sur un an, contre 27 % pour le gaz et 7,3 % pour l’électricité. Les entreprises répercutent donc le prix de ces hausses sur le prix de leurs produits ou des services qu’elles fournissent, aboutissant à une généralisation de l’inflation.
Le prix de la farine a par exemple augmenté de 26,4 %, celui du sucre de 23,2 %, de 21,7 % pour le beurre de 21,7 %, 20,3 % pour les pâtes, le lait 18 %, le café 15 % et la viande 14 %. « Nous recevons de la part de nos fournisseurs des demandes de hausse de tarifs à deux chiffres, qui varient entre 10 % et 25 % », résume, inquiet, Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD).
« Les entreprises étant clientes les unes des autres, la hausse des prix des unes entraîne celle des autres et vice versa », ajoute Agnès Benassy-Quéré, cheffe économiste de la direction générale du Trésor.
Conséquence de la hausse des salaires
« Si la loi ne change pas en notre faveur, dans six ou huit mois, nous devrons faire face à des fermetures d’usines et des délocalisations », prévient Richard Panquiault, directeur général de l’Ilec (Institut de liaisons des entreprises de consommation). Car la hausse des salaires sera bientôt la principale cause de l’inflation.
« En 2023, un des principaux moteurs de l’inflation devrait être la hausse des salaires, laquelle pourrait dépasser 6 % sur un an selon la Banque de France, assure Agnès Benassy-Quéré. Cette hausse des salaires nourrira à son tour la hausse des prix ».
Cette hausse des salaires est toutefois nécessaire puisque l’augmentation des prix est généralement compensée par l’indexation des salaires à l’inflation. Ce niveau d’indexation était de 60 % en 2022, et devrait atteindre 70 % à 75 % en 2023, selon Patrick Artus, économiste chez Natixis. Cependant, « plus ce niveau augmente, plus il devient complexe pour la banque centrale de lutter contre ces hausses de prix », prévient l’expert.
La BCE a d’ailleurs fait grimper ses prévisions d’inflation à 3,6 % pour 2023, et décalé à 2025 l’atteinte de sa cible de 2 %. Une réévaluation due à des « surprises récentes relatives aux données, à une réévaluation de la vigueur et de la persistance des pressions latentes sur les prix et leur répercussion, à une plus forte croissance des salaires et à la hausse des prix des produits de base alimentaires », explique la BCE.