La grève organisée par les généralistes les 1er et 2 décembre n’ayant entrainé aucune réaction de la part du gouvernement, les médecins libéraux sont de nouveau entrés en grève au lendemain de Noël, un mouvement qui devrait se poursuivre cette semaine.
Désaccord sur les chiffres
Suite à l’appel lancé par le collectif Médecins pour demain, de nombreux généralistes ont accepté de fermer leur cabinet cette semaine, tandis qu’une manifestation nationale est prévue jeudi après-midi à Paris, entre le Panthéon et le ministère de la Santé. Le Dr Christelle Audigier, fondatrice du collectif, affirme d’ailleurs qu’environ 70% des généralistes s’étaient déjà mis en grève la semaine passée.
Faux, selon Thomas Fatôme, directeur général de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), qui juge cette mobilisation « incompréhensible dans la période d’épidémies que nous connaissons ». « L’immense majorité des médecins généralistes n’ont pas suivi ce mouvement de grève », affirme-t-il, précisant que la baisse d’activité serait de l’ordre de 10%.
Un avis partagé par le ministre de la Santé, François Braun, qui bien qu’il reconnaisse « les difficultés et parfois l’épuisement de certains médecins libéraux », estime qu’il n’est « pas acceptable que l’accès à la santé des Français soit ainsi mis à mal ».
Concurrence des infirmières, moyens insuffisants …
Pascal Charbonnel, généraliste aux Ulis, ne voulait pas faire grève, mais il s’y dit contraint. « Tous les actes faciles vont être donnés aux pharmaciens et infirmières pour ne laisser aux médecins que les actes complexes à un tarif dérisoire, déplore-t-il. Cette manie de mettre des rustines partout fait que plus personne n’est à sa place et que le métier n’a plus de sens, déplore le praticien. Les indemnités de déplacement n’ont pas été revalorisées depuis quinze ans, le prix de la visite n’a pas été revu depuis 2019. On est sous l’eau à cause d’âneries et de tatillonneries de l’administration. Il y a une telle désespérance des jeunes médecins qu’ils sont prêts à “déplaquer” pour faire autre chose. Le gouvernement est en train de décourager une génération de jeunes, brillants et passionnés, qui ne supportent plus de bosser comme des malades en étant traités comme des carpettes ».
« J’ai même mauvaise conscience de prendre des congés. Mais l’heure est grave, les médecins sont révoltés, abonde Sonia Djabella, généraliste à Saint-Ouen. Le gouvernement rajoute une dixième année d’études aux généralistes et à côté de ça des infirmières pourront avoir la casquette de médecin. On travaille tous énormément. J’adore ce que je fais, mais on n’en peut plus, nos tarifs ne nous permettent pas d’investir dans du personnel et des locaux. Nos revendications sont légitimes, nous avons fait des études longues et difficiles qui imposent beaucoup de sacrifices, et nous avons des responsabilités lourdes ».
« Ils ne mettent rien sur la table, fulmine Jean-Paul Hamon, généraliste à Clamart. Le gouvernement cherche le pourrissement et va finir par radicaliser le mouvement ! », prévient-il.