Les grands distributeurs s’accordent à dire que les prix devraient considérablement augmenter à partir du mois de mars, mais le ministère de l’Economie dément, affirmant que les prix devraient stagner, voir refluer.
« La forme d’un mur »
Il y a quelques semaines, Michel Edouard Leclerc évoquait un « tsunami d’inflation » auquel les Français devront bientôt faire « face ». « Après une année inflationniste, les industriels nous reproposent des hausses exorbitantes. Les plus gros fournisseurs de croquettes pour chiens et chats, Nestlé et Mars, demandent des augmentations de 17 à 39 %. Unilever réclame 25 % sur la moutarde », illustrait le PDG du groupe du même nom fin janvier.
Un avis partagé chez Auchan, où « les hausses demandées par les fournisseurs » se situent « de 15 à 25% », selon Pascale Cartier, directrice des achats du groupe. « Il faut permettre à l’industrie agroalimentaire de gagner sa vie pour payer ses usines et ses ouvriers, et c’est normal. Il faut que le consommateur puisse accéder à des produits à des prix qu’il peut payer, parce que c’est normal. Mais l’hypocrisie, c’est de faire croire que la grande distribution est un grand régulateur qui, lui, peut se permettre de travailler sans marge », pointe-t-elle.
Pour le spécialiste de la grande distribution, Olivier Dauvers, les Français auront droit à un « mars rouge ». L’inflation alimentaire « prendra tout simplement la forme d’un mur », résume-t-il. Elle « sera en bout de course terrible pour les consommateurs ».
« Je m’avoue très inquiet des conséquences sociales que pourrait avoir l’inflation printanière, ajoute l’expert. Pour l’instant, tout le monde courbe l’échine, mais je ne serais pas étonné de voir certains se révolter », et voir émerger un «Gilets Jaunes 2.0 ».
Pas d’inquiétude !
Le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire ne pourrait pas être plus en désaccord avec Olivier Dauvers, et va même jusqu’à lui répondre en utilisant le même vocabulaire. « Il n’y aura pas de mars rouge, il n’y a aucune raison qu’il y en ait », assure le ministre, qui regrette que cette expression serve à « jouer avec les peurs des Français ».
Bruno Le Maire a ensuite annoncé qu’il recevrait « dans les prochains jours » à Bercy les acteurs de la grande distribution, en compagnie d’Olivia Grégoire (ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme), « pour protéger le pouvoir d’achat des Français» et «trouver des solutions ensemble ». « Chacun fera des efforts » au cours de ces négociations, a assuré le ministre.
« Je ne vois qu’une seule solution : mettre tout le monde autour d’une table, voir quelle est la réalité de la situation, trouver une solution. Avec une seule boussole : les Français », insiste Bruno Le Maire. « De nouveaux tarifs vont s’appliquer et il faut s’attendre à une nouvelle hausse des prix un peu exceptionnelle » en rayon, reconnait tout de même le ministre, mais le « panier anti-inflation » devrait en limiter les effets. Et « d’ici l’été prochain, l’inflation devrait refluer », conclut-il.