L’énergie nucléaire, composante essentielle de la souveraineté énergétique française

L’énergie nucléaire, composante essentielle de la souveraineté énergétique française

L’invasion injustifiée de l’Ukraine le 24 février 2022 a plongé l’Europe, très dépendante des hydrocarbures russes, dans une période de forte instabilité. Dans ce contexte, l’idée de souveraineté énergétique est rapidement revenue au coeur du débat, tout comme la question du nucléaire, qui reste, pour l’heure, le meilleur moyen d’atteindre cet objectif. 

Importance du mix énergétique

En matière d’énergie, l’adage selon lequel il ne faut pas mettre ses oeufs dans le même panier prend tout son sens. De nombreux pays européens, comme la Lettonie, qui dépend du gaz russe à hauteur de 100%, ou l’Allemagne, qui en dépend à 66 %, l’ont appris à leurs dépends. En important la quasi-totalité de leur gaz de Russie, des Etats tels que la République tchèque (100 %), la Finlande (97,6 %), et l’Estonie (93 %) ont ainsi eux-même renoncé à leur souveraineté énergétique. Mais leur dépendance vis-à-vis de Moscou n’est pour autant pas la même, selon qu’ils sont parvenus ou non à équilibrer leur mix énergétique. Par exemple l’Estonie, dont le gaz représentait 8 % des besoins en énergie, a été bien moins impactée par les restrictions décidées par la Russie que la Lettonie, dont le gaz représente 20 % du mix énergétique. 

Ces écarts entre des pays à première vue dépendants de Moscou montrent bien l’importance pour les Etats de développer différentes sources d’énergie, afin d’équilibrer au mieux leur bouquet énergétique. L’Allemagne, en misant gros sur les énergies fossiles (35% de pétrole, 26% de gaz, 15% de charbon), mais en renonçant totalement à l’énergie nucléaire, est l’exemple parfait de ce qu’il ne fallait pas faire. Incité par le faible coût du gaz russe, Berlin, qui comptait sur ses réserves de charbon pour s’assurer une certaine souveraineté énergétique, a en effet entamé un lent processus de dénucléarisation en 2011, qui s’achèvera le 15 avril prochain, avec la fermeture des trois dernières centrales nucléaires allemandes. Une transition censée permettre le développement des énergies renouvelables qui a porté ses fruits, puisque celles-ci ont atteint 18% en 2020 (contre 1% en 2000), mais qui a également eu l’effet que nous connaissons, à savoir placer Berlin en situation d’hyperdépendance vis-à-vis de Moscou. 

A l’inverse de son voisin outre-Rhin, la France a, elle, décidé d’investir massivement dans le nucléaire, qui couvre aujourd’hui 40 % de ses besoins énergétiques. Ce choix lui a permis de réduire sa dépendance aux énergies fossiles (28 % de pétrole, 16 % de gaz naturel, 2 % de charbon), tout en développant ses énergies renouvelables (14%). Mais surtout, ses faibles besoins en gaz ont permis à la France d’acquérir une certaine indépendance vis-à-vis de Moscou, renforcée par l’aptitude de Paris à diversifier ses fournisseurs (Norvège 36%, Russie 17%, Algérie 8%, et USA 6%).

Une énergie d’avenir

La guerre en Ukraine et la menace d’une coupure des approvisionnements russes ont grandement contribué à redorer l’image du nucléaire aux yeux des Français. La plupart d’entre eux y voient désormais la meilleure alternative au gaz russe, et la garantie de leur souveraineté énergétique. Bien sûr, quelques récalcitrants remettent en cause cette idée de souveraineté, au motif que la France doit importer l’uranium consommé dans ses centrales. A ceux-là, il convient de rappeler que souveraineté n’est pas synonyme d’indépendance. Là où l’indépendance implique une totale autonomie énergétique, impossible à atteindre à l’heure actuelle, la souveraineté implique, elle, de ne pas être soumis au bon vouloir d’autres pays, et repose sur un mix énergétique équilibré, ainsi que sur la multiplication des fournisseurs. Et justement la France, qui jouit, comme nous l’avons vu, d’un bouquet énergétique équilibré, dispose également de plusieurs fournisseurs fiables d’uranium, comme le Niger (24 %), le Canada (15 %), et le Kazakhstan (13 %). 

Toutefois, en matière de nucléaire l’approvisionnement ne fait pas tout, loin s’en faut, et la souveraineté énergétique passe aussi par la mise en place d’un réseau de centrales nouvelles et performantes. C’est justement l’objectif que s’est donné le président de la République, Emmanuel Macron, qui a relancé le programme EPR2 en février 2022. Celui-ci porte notamment sur la construction de 6 nouveaux réacteurs, le premier devant entrer en activité d’ici 2035, auxquels viendront peut-être s’ajouter 8 réacteurs supplémentaires. 

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