Les mairies excédées par les attroupements de livreurs

Les mairies excédées par les attroupements de livreurs

Pour réduire les attroupements de livreurs qui troublent l’ordre public à proximité des points de vente, les mairies ont instauré des « zones blanches », des aires géographiques où les livreurs ne peuvent plus recevoir de commande.

Nombreuses nuisances

A la demande de certaines grandes métropoles françaises (Paris, Toulouse, Brest, Lyon …), la plateforme de livraison de repas à domicile Uber Eats a instauré des « zones blanches », pour réduire les attroupements de livreurs et les nuisances en résultant. Car celles-ci sont nombreuses, selon les municipalités : « Stationnements gênants de deux roues », « nuisances sonores », « amoncellement de détritus »,  «agressions physiques et verbales », « mauvaises odeurs dues à des besoins sanitaires soulagés publiquement », et la liste continue.

« La crise sanitaire a conduit à une explosion sans précédent de la livraison à domicile, due au développement de nouveaux modes de consommation », explique Mohamed Chihi, adjoint à la sécurité du maire de Lyon. « Aujourd’hui, les livreurs ont remplacé la clientèle habituelle des restaurants», entraînant un accroissement des « nuisances » liées aux « rassemblements de vélos ou de scooters et dans certains cas des comportements inappropriés (salissures, déchets, occupation abusive du domaine public) ».

Toutefois, nuisance n’implique pas nécessairement « zone blanche », comme le rappelle Uber Eats, qui précise « ne  mettre en place une telle zone que lorsque la situation l’exige et que les autres recours ont été épuisés ». Car de telles mesures ralentissent évidemment la cadence de livraison, une baisse de productivité préjudiciable aussi bien pour les livreurs que pour les plateformes. 

Opposition des livreurs

Les livreurs sont bien sûr fermement opposés à cette mesure, et sont soutenus en cela par certaines communes. C’est une « fausse solution, compliquant encore davantage le travail déjà difficile des livreurs », estime Sandrine Jacotot, adjointe au maire de Bordeaux en charge du commerce. 

Ludovic Rioux, délégué syndical du collectif national CGT des livreurs à vélo, témoigne au nom des livreurs : « On avait nos habitudes, comme prendre un café à la boulangerie Paul sur l’avenue des Frères Lumières (8ème arrondissement de Lyon), histoire de se réchauffer entre deux livraisons. Mais avec les zones blanches, c’est devenu impossible pour nous. On doit maintenant attendre dehors devant un parking  ! »

Cette mesure ne servira qu’à « invisibiliser les livreurs en déplaçant le problème de quelques mètres », déplore le syndicaliste. « Les mairies et les plateformes décident de notre sort sans jamais nous concerter. Parfois, nous ne sommes même pas prévenus de l’instauration de nouvelles zones blanches. Ils nous déplacent et nous parquent à leur gré, mais nous ne sommes pas du bétail  ! »

Les livreurs disposent même de l’appui de certaines plateformes, comme Deliveroo, qui refuse d’instaurer des zones blanches. « Cette technologie ne nous est pas réclamée par les collectivités », se défend l’entreprise. Sans oublier qu’un tel «  outil peut parfois n’avoir pour effet que de déplacer géographiquement une problématique », ajoute la plateforme.

« La seule vraie solution est le contrat de travail », tranche Ludovic Rioux, remettant cette épineuse question sur la table. « Avec le cache-misère que sont les zones blanches, les municipalités ne s’attaquent pas à la racine du mal ». 

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