Pour limiter l’impact de l’inflation sur les ménages les plus modestes, le gouvernement a mis en place un système d’aide individuelle du nom de « panier anti-inflation ». Toutefois, loin de faire l’unanimité, la mesure suscite déjà l’inquiétude des distributeurs et la colère des petits commerçants.
« Petite cinquantaine de références »
Le « panier anti-inflation » subira d’abord une phase test, a fait savoir la ministre déléguée chargée des PME, du Commerce et de l’Artisanat, Olivia Grégoire. Il sera « mis en place à partir du mois de mars et pour trois mois », période à l’issue de laquelle « nous ferons le bilan ». « La liste des produits est quasiment finalisée et pourra être annoncée en début de semaine prochaine », a également déclaré le cabinet de la ministre, ajoutant que la mesure devrait concerner « une petite cinquantaine de références ».
Le cabinet d’Olivia Grégoire rappelle ensuite que, même dans le panier, « les prix restent fixés librement par chaque enseigne ou magasin indépendant, dans le respect des dispositions en vigueur ». La seule obligation des distributeurs est de respecter la loi Egalim, qui impose une marge de 10% minimum pour les producteurs. Ainsi, « si des enseignes décident de faire du prix coûtant, c’est-à-dire ne pas prendre de marge, c’est leur choix », ajoute le gouvernement, à condition bien sûr de ne pas « faire financer l’effort tarifaire consenti aux fournisseurs ».
Méfiance de la grande distribution
« Ce panier anti-inflation n’est pas simple à mettre en œuvre, car nous touchons à la politique commerciale des enseignes, explique Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution. En plus, la position du gouvernement change régulièrement. La plupart des enseignes proposent déjà des dispositifs similaires, mais pas comparables entre eux, car ils ne sont pas identiques ». « Nous avons déjà mis en place nos propres paniers anti-inflation. C’est notre métier, qu’on nous laisse faire », abonde un autre distributeur avec colère.
Parmi les enseignes ayant développé des « paniers », Système U fait office de leader. « Comme on avait du mal à choisir 50 produits, on vous en propose 150 », s’enorgueillit le groupe, qui n’a pas attendu Olivia Grégoire pour prendre des mesures. « On réfléchit depuis quelque temps à ce projet et ce n’est pas pour griller le gouvernement, assure Thierry Desouches, responsable des relations extérieures de Système U. S’il faut extraire 50 produits parmi les 150 pour le panier du gouvernement, ça ne nous posera pas de problème ».
Colère des petits commerçants
Mais le « panier anti-inflation » suscite surtout une vague de colère chez les petits commerçants, qui l’accusent de favoriser la grande distribution. « Il leur donne un avantage concurrentiel inacceptable, au détriment de l’immense majorité des commerces de France », regrette l’Union des entreprises de proximité (U2P). « Le comportement d’Olivia Grégoire, chargée des petites entreprises et de l’artisanat, est vraiment déplacé. Est-ce qu’un gouvernement peut préconiser de dire à un consommateur d’aller dans les grandes surfaces, au péril des 420.000 petits commerces en France ? », fulmine le vice-président de l’U2P, Joël Mauvigney.
Cette mesure encourage d’ailleurs « les grandes surfaces à pratiquer la publicité mensongère, ajoute l’U2P. En effet, il est évident que, derrière une supposée mesure de défense du pouvoir d’achat, celles-ci augmenteront par ailleurs d’autres prix et au total accroîtront leurs recettes ».